" MALICK TWIST (me)"

Passion Photo.....Et plus encore !


Cette description de Malick Sidibé aura été pour moi le meilleur moment de l'expo. Tomber sur ce partage de l'artiste quant à son travail de "Photographe Styliste Maquilleur Directeur Artistique" des temps modernes m'a parlé, mais plus encore m'a touché. J'ai eu le sentiment qu'il mettait des mots sur ce qui m'anime et définit tant ce que j'aime dans mon travail et la personne que je suis.

La photo ou l'image a toujours été pour moi la meilleure façon de révéler ce que l'on est et que trop souvent l'on cache. C 'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai horreur que l'on me prenne en photo,  j'ai le sentiment d'une mise à nue. Un peu paradoxal quand je rêve de tout prendre en photo à chaque instant. Je résume souvent cette envie par le fait de voir la vie comme dans un cadre. Et c'est vraiment le cas, à chaque fois que mon regard se pose sur une situation , une personne, un objet il me semble qu'il est dans un cadre, un tableau délimité. Inversement bien que figée l'image me semble elle animée, elle transpire de sentiments, de musique, de couleurs et de bruits, d'émotions. Une émotion qui parfois me submerge et renvoie à ce qui était enfoui.


Le déclic s'est fait au collège, en cours de français, l'exercice était alors très simple : décrire puis analyser une pub, pour moi ce fut une (pub) Cacharel. Je n'avais pas particulièrement cartonné mon exposé en revanche je venais de réaliser le pouvoir qu'une "simple" image pouvait avoir ; elle pouvait être le Message sans les mots. Plus tard, au lycée j'ai fais de la photo, appris à développer les négatifs dans la chambre noire, une pièce où les ténèbres devenaient lumière, j’ai adoré. Je regrette aujourd'hui de ne pas avoir perfectionné cette technique mais ce n'était qu'une option, un module découverte en pleine année du Bac so...... mais quelle découverte !! Ce que je n avais pas vu (su voir) parce que dissimulé derrière un sourire ne pouvait se feindre dans le regard. Fini, le lycée bac en poche direction la Fac : analyse des messages iconiques et sonores, dessin, cinéma, linguistique j'ai tout fait. Autant mon cursus paraissait farfelu parce qu un peu fourre-tout autant il était pour moi le parcours idéal. J'ai enregistré, emmagasiné, des images de tous genres, photos, dessins, films, courts métrages, mes insomnies de l'époque ont été de grandes alliées. Je découvrais le monde à travers d'autres cadres que le mien, d'autres regards que le mien.

J'étais sûre à cette époque que la publicité était ce que je voulais faire, concept rédacteur, la Ségéla du Congo comme disait ma mère. Mais il me manquait quelque chose et après 3 ans chez M6 je décide de devenir vendeuse chez Zara ! FOLIIIIIIIIE c'est ce que tout le monde a pensé mais j'avais envie d'autre chose et il s'est avéré que j'avais fais le choix parfait, après quelques mois à Haussman, à moi Londres ! Toujours chez Zara je suis vendeuse, puis responsable de floor j'enchaine avec la formation de merch j'apprends à habiller des mannequins pour 'catch the eye 'comme dit ma formatrice et donc vendre. J'adore le fitting room en deux temps trois mouvements il faut conseiller, habiller, et biensur vendre. Je joue à la poupée grandeur nature, j'ose des styles, des looks, des codes différents après tout je suis à Londres et ça marche! Londres c'est aussi les salons de coiffure et manucure, les londoniennes ne blaguent même pas, coiffées, manucurées du 1er au 30. C'est donc avec un nouvel objectif que je reviens en France avoir un jour mon salon, un Barber shop.


Avant que je ne réalise ce rêve fou, je suis de nouveau vendeuse, puis adjointe pour l'enfant, je continue le merch, je forme j habille de petits mannequins et continue de voir la vie dans un cadre. Le mariage, la vie de famille mes priorités changent, avec de nouveaux horaires des nouvelles perspectives professionnelles je change de secteur je suis chef hôtesse. Et puis j’arrête je suis à la maison contre toute attente la grossesse aidant à réfléchir je me relance dans la beauté je me forme pour les ongles , me documente pour la coiffure. J ai appris des salons londoniens mais pas que, avant eux j'ai trainé et tressé à Château d'eau j 'ai observé les techniques bonnes et moins bonnes, les chinoises douées mais dictées par la rapidité qu'on attend d'elles, patrons comme clientes. Je suis formée je mets de l'argent de côté, et pour se faire je travaille en collège assistante d'éducation !!Je n 'ai jamais vraiment compris ce titre qu'une fois que je suis confrontée à ces jeunes en manque de repères. Les jeunes filles surtout m'interpellent l'image qu elles donnent d'elles, tout ce maquillage sur des petites filles qui ont remplacées par leur corps celui de la poupée, pour jouer. J'ai le projet d un atelier photo pour qu elles comprennent le message qu elles renvoient par leur allure, l'image d'elles qu'elle véhiculent quand elles pensent être au top ! Plus Amy Whinehouse que Princesse hein !



Je prends du recule et réalise que tout ce mouvement, cette envie d'une estime de soi retrouvée, d'une représentativité de la femme noire, de la beauté noire est ce que représente pour moi la Beauté, mon travail. Des expériences vécues au Hair Spa comme à Beau'thé Cultur'Elle sont la confirmation de cela, tout comme mon aventure parisienne. Je pourrais passer des heures à coiffer non pour créer mais sublimer, souligner ce qui est déjà existant et la photo en est le révélateur par excellence. Ce que j'ai l'honneur de créer c'est le cadre du/d'un  moment au cours duquel cette jeune fille, femme, mère va se découvrir ou redécouvrir et surtout retrouver. Un moment éphémère certes mais toutefois plein d'une émotion réelle, sincère et Belle.

Des moments comme cela, je le comprends et l'accepte à présent se créent dans la solitude, celle de notre esprit, par la singularité du regard, et par la charge émotionnelle et créatrice qui nous habite. De même, l'observation, la lecture de la scène qui se joue sous nos yeux, du contexte, du corps en mouvement, du mouvement lui même, de ce qui ne se voit pas, ne peut s'exprimer que dans la capture de cet instant. Il est possible voire même probable que l'on ne voit que notre interprétation  et que cela parle plus de nous que de l'autre mais je crois qu'une connexion se crée entre le modèle et le photographe, un instant de magie, de Beauté. C'est tout cela que représente pour moi la photo et que j'ai ressenti alors que je sillonnée les allées et découvrais les clichés de Malick Sidibé, sa voix en fond sonore relatant son histoire. J'ai été frappée, touchée, émue et émerveillée.
       


Aujourd’hui à l’ère des réseaux sociaux et des smartphones tout le monde est photographe ! Mais pourquoi pas finalement ? Si cela permet de débuter, de découvrir des talents mais surtout de révéler des vocations. Pour ma part j'ai
eu l'occasion des faire une série de photos dernièrement d'une femme et amie que j'admire lors d'une journée de vadrouille et de partages, d'échanges spontanées sont nés des instants que je veux bénis. Et j'ai eu de nouveau l'envie. Je ne trouve pas toujours les mots pour dire les choses même les plus simples mais une photo, le portrait sans retouche d'une émotion pure est je le pense la plus belle des déclarations.

Aussi c'est avec enthousiasme que je reprends l'appareil, que je me veux de nouveau dans ma bulle, observant ce qui se joue, dessine et crée,hors et dans le cadre. J’espère y capturer de beaux instants emplis de bruits, de mouvements et d'émotions.

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